i'm a diplomat in the politics of lonely
※※※ castle of glass ※※※

Le Coven familial D’Asphodèle, originaire de France, a quitté le vieux continent en 1893 pour s’établir en Louisiane, à la Nouvelle-Orléans. A mesure que les années, puis les siècles ont passé, la famille a développé sa mainmise sur la ville et s’est retrouvée de facto leader des activités magiques de la région. Réputé pour son prestige et sa puissance magique – fruits d’un entraînement intensif chez les jeunes mages dès leur éveil –, le Coven a su écarter les groupes qui menaçaient sa renommée, tels que le Coven mené par Ezra Penrose dans la période de l’entre-deux-guerres.
Les D’Asphodèle sont des mages dont les pouvoirs ont trait aux manipulations mentales : pensées, rêves, souvenirs … Le Coven fonctionne selon une logique matriarcale, la ligne de succession s’assurant par la première-née de chaque adelphité.
La matriarche actuelle, Alaya D’Asphodèle, a eu trois enfants : Adélie, Ariane et Alban. Maze est la fille d’Ariane D’Asphodèle.

enfance De son enfance ne subsiste qu’un maelström de souvenirs en aquarelles : l’odeur de l’encens dans la cour, les cavalcades dans les couloirs avec le reste du Coven et l’atmosphère particulière des repas avec ses cousin·e·s. La mémoire imprécise n’a saisi des puissants D’Asphodèle que l’innocence dont on la drapait, la rudesse dont on la préservait avant qu’elle ne vienne à grandir. Pourtant, Maze l’aura appris bien plus tard, la poigne des umbrakinésistes s’étend dans les rues du Bayou avec une assurance tranquille dont personne n’oserait douter.
De plus sombres tâches dénotent au milieu des années pastels : sa mère, sanglots et sang entremêlés, qui lui annonce encore une fois qu’elle n’aura pas de petite sœur. Enfant unique au sommeil ponctué de cauchemars, elle n’a pas gardé plus de traces de ces désillusions d’enfant qu’elle n’a de mémoire très précise de la vie au sein du Coven.
Ce dont elle se rappelle, en revanche, c’est le bruit mat de la porte du camion qui claque pour sceller son déménagement. L’enfance, elle part dans des cartons jusqu’à l’autre bout du pays – Maze a 7 ans quand on lui annonce qu’elle s’en va pour San Francisco.

jeunesse Le changement est instantané, le repli sur une cellule familiale qui ne comporte plus que trois membres. Elle a beau aller à l’école, elle ne contemple les autres enfants qu’au travers des reflets de la vitre. Si les pouvoirs d’Ariane & Thorn les intègrent naturellement au sein du Spered Coven, le couple refuse le fonctionnement qui est celui de leurs semblables. En dehors des horaires de cours, Maze est toujours à la maison, séparée des hourras de joie par un épais double vitrage. Tu vaux mieux que ça, ma puce. lui susurre la voix de sa mère – ainsi Maze grandit-elle, isolée, convaincue qu’aucune amitié n’est réellement forgée pour elle.
Rien ne manque au tableau : les poupées, les tiares, les brillants ... Maze a tout, pourtant elle n'a rien. Rien que cet amour écrasant, ce carcan teinté d'affection qui petit à petit étouffe tout ce qui faisait d'elle une enfant.
C'est en 2001 que la vie bascule, pour eux comme pour tout l'univers : un oiseau de métal hurlant fonce dans deux tours, et tout s'affole. L'attentat a un impact médiatique gigantesque ; tous, mages comme humains, le ressentent. Le vernis parfait de Washington s'écaille doucement et, avec lui, les histoires qu'on se raconte s'éveillent. Plus que jamais, Ariane D'Asphodèle prend conscience de l'importance de ce qui est dit, raconté. Celui qui modifie l'Histoire détient le pouvoir infini. Alors, puisque leur ambition de maîtres ne fonctionne pas dans cette ville morne, c'est ainsi qu'ils devront s'élever : Maze a 11 ans lorsqu'on décide, sans elle, qu'elle changera les mémoires.
Dès lors, elle devient le fer de lance d'une stratégie qui la dépasse, le joyau parfaitement poli qui couronnera tous les efforts. Les cours laissent place aux classes magiques : elle doit apprendre d'où vient la magie, comment elle fonctionne de manière à ce que, quand le jour viendra, elle soit déjà à la hauteur. Petite fille parfaite, silencieuse, elle apprend le piano, fait de la danse classique, sans qu'on ne lui demande une seconde ce qu'elle aimerait pour de vrai.

adolescence Difficile de dire qui, entre elles deux, est tombée sur l'autre en premier. Emery Penrose. Elles partagent les bancs du collège, aimantées l'une à l'autre par des destins si parallèles qu'ils semblent voués à ne jamais se croiser. Pourtant, un pont enjambe le vide, et une amitié sincère se tisse entre les deux jeunes filles.
Ne t'approche pas trop des Penrose, Maze. Seule bravade qu'elle s'autorisera : si, elle s'approchera des Penrose. En quelques battements de cils, Emery devient tout à la fois : sa complice, sa meilleure amie et la témoin de ses silences. Foudroyées par une évidence qui, bientôt, ne laisse plus de place au temps où elles ne s'aimaient pas.
Tout semble tellement plus supportable avec une alliée à son côté. Le lycée s'arrête aussi brutalement qu'il avait commencé, sa fin apportant la promesse d'un contact toujours renouvelé. L'adolescence passe comme un météore, amenant une traînée de lumière sur les paysages verglacés qu'est devenu le cœur de Maze.
Puisqu'elle n'a plus à être seule.

errance L'excellence n'a jamais été une option, et Maze l'a parfaitement compris. Poussée par ses parents, elle s'aventure en double cursus d'histoire et d'ethnologie - maîtriser le passé et le présent, c'est aussi maîtriser l'avenir. Un emploi du temps bien chargé, excuse parfaite qu'elle fournit à ses camarades pour ses absences à leurs soirées, pour ses refus de socialiser, jusqu'à ce que tous abandonnent. Il fait froid, au premier rang de l'amphithéâtre, quand elle y demeure seule, bien droite, avec les bruissements dans son dos.
La magie s'invite dans la valse, une évidence attendue comme le Messie, et le peu de temps libre restant passe à exercer ses pouvoirs. De ces années d'études, Maze n'a que de vagues souvenirs : la sensation d'être une équilibriste, perpétuellement à jongler entre les cours, sa propre magie et le temps passé à attendre un message ou un rire d'Emery.

La vie semble se stabiliser : diplôme en poche, Maze insiste pour travailler à la librairie L’œil d'Orion, petite enseigne ésotérique où elle s'autorise, finalement, à trouver un peu d'équilibre. Dans l'effort, elle atteint une forme de routine, n'entend presque plus la voix cinglante de sa mère contre ses tympans. L'absence de remous la mène jusqu'à l'ataraxie - ou bien est-ce l'absence de questions ?
Le chemin est tout tracé et elle n'a plus qu'à le suivre, entr'ouvrant parfois la fenêtre pour que l'ouragan de Penrose viennent souffler sur ses inquiétudes.

Seulement, quand on a l'équilibre, un rien peut suffire à le briser.
Ce rien, c'est Dee. Fils d'Alban, il vient vivre chez eux pour des raisons qui lui échappent. Lui qui n'a jamais concouru à la gloire du clan D'Asphodèle se retrouve dans les pattes de Maze, avec sa nonchalance, son flegme, et cet air parfois irrité quand il lui fait très bien comprendre qu'il la trouve affreusement coincée. Tandis que les confinements s'enchaînent, la figure de son cousin devient un vacarme épouvantable et sa simple présence hérisse Maze. Comment peut-il ? Comment peut-il être aussi insouciant, aussi inconséquent, comment peut-il avoir le droit d'user de toutes ces libertés quand, lorsqu'elle-même se teint les cheveux, elle est aussitôt inquiétée ? Comment peut-il être heureux, lui, dans une liberté quasi-totale alors qu'elle doit se contenter de gratter le peu de sourires que la gangue de glace qu'est sa mère lui accorde à la nuit tombée ?
Pourquoi lui et pas elle ?

Les années filent sur l'horloge de son existence et, désormais la trentaine passée, Maze n'arrive plus bien à compter les années qui la séparent de l'ambition qu'on a pour elle. La poigne de sa mère est plus forte ; elle la sent parfois, rémanente, lui enserrer les côtes la nuit. Son corps est rompu, son esprit aussi, tandis qu'elle marche dans les rêves et fait jaillir des ombres partout.
Parfois, Maze a l'ambition de vivre : alors, elle se retrouve perdue entre les lèvres d'Emery, le cœur perclus au fond d'une cage qui n'est jamais vraiment ouverte. De ces enlacements salivaires, la mage ne garde qu'un goût amer : celui d'une liberté déchue à laquelle elle ne tente même pas de prétendre. Leur valse se répète, aimants qui se repoussent et s'attirent, aspirent tous deux à se rejoindre sans jamais vraiment s'y résoudre.
Et puis, le dernier des repères fuit quand Emery part en vrille. L'anniversaire de Maze approche quand la sœur aînée de la brune tombe malade un peu trop gravement. Comment être là pour elle sans l'attirer, comment garder leur équilibre sans la repousser tout à fait ? Les réponses s'enfuient, les certitudes de Maze aussi, la plongeant dans une détresse à mesure qu'Emery s'étiole. Leurs retrouvailles ne deviennent qu'une suite de conflits, des incompréhensions muettes et des amertumes qui se dévisagent - privée de la seule qui la comprend, Maze se claquemure dans sa demeure, entoure son cœur de barbelés et de glace pour le protéger. Après tout, on sait que le froid chasse la douleur des hématomes.

Et puis, tandis qu'elle regardait ailleurs, le jour arrive.

Les souvenirs, elle sait les effacer ; elle n'attendait plus qu'une place au sein de la memory squad pour pouvoir remplir le dessein qui motive toute son existence. Lorsque celle-ci se libère, son nom est immédiatement évoquée - les yeux éteints, elle regarde son avenir se jouer.
Ma puce, le Conseil accepte que tu les rejoignes, mais il y a une condition ...
Est-ce réellement leur condition, ou bien n'est-ce qu'un mensonge de plus dans la bouche d'une mère qui ne la voit que comme un instrument de gloire ? Maze ne sait plus faire la différence. Elle ne sait pas, ne peut pas décemment songer qu'elle a passé plus de trente à courir derrière un même but pour s'arrêter avant de l'atteindre. Reculer, ce serait admettre que rien n'a de sens, se confronter à ce grand vide qui règne quand personne ne la regarde.
Prise de vertige, la mage accepte leurs conditions. Elle effacera la mémoire d'Emery, retirera de ses souvenirs la trace de ces magies profanes dans lesquelles elle s'est enfoncée. Elle posera les mains sur les tempes de cette femme qu'elle ne sait qu'aimer et regardera, dans ses yeux, le temps se réduire et se dilater. Tu es sûre d'être allée assez loin ? La voix murmure contre son crâne, rampe et la pousse à creuser. Plus profond qu'elle ne le devrait, plus loin qu'elle n'a jamais osé.

Lorsque Maze relâche son étreinte, c'est elle qu'Emery a oubliée.

La poitrine remplie de néant, elle réalise qu'elle a atteint le pic de toute son existence. Le but qu'on lui avait fixé se trouve désormais derrière elle.
Alors, qu'est-ce qu'il lui reste, maintenant ?

※※※ emerald city ※※※

※※※ ivory tower ※※※

pisces ※ infj ※ MELANCHOLIA ※ mains de pianiste ※ it's (f)o(re)ver ※ visage lisse de ne pas avoir assez souri ※ tea-drinking all day long ※ toujours le nez dans un livre ou un carnet ※ ms. never-cries ※ née à la mauvaise époque ※ heliophilia ※ amoureuse des couleurs pastels ※ lots of OCD ※ g r e a t  listener ※ grande esthète ※ oublie toujours son téléphone ※ button poetry ※ "c'est le portrait craché de sa mère" ※ clueless & gullible ※ déteste les conflits ※ allergique aux chats ※ this is me trying ※ appétit d'oiseau ※ always attentive to details ※ étoiles phosphorescentes au plafond ※ cold hands ※ ne s'énerve jamais - sauf sur Dee ※ 'is denial your superpower?' ※ lunettes de repos ※ vêtements fluides ※ you are a weapon and weapons don't weep ※ fait plus jeune que son âge - jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche ※ she's, as the poets say, a mess ※ aime écouter la pluie tomber ※ ECCEDENTESIAST.